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    Désirant la lire depuis un certain temps, et mue par l’intérêt pour le programme d’Agrégation de Littérature Générale et Comparée, j’ai également découvert Effi Briest de Théodore Fontane (1894).
    Une jeune fille à peine sortie de l’enfance, Effi, est mariée à un homme de l’âge de sa mère, Innstetten, que cette dernière avait aimé autrefois. Forcée de quitter son cocon familial, elle découvre la mondanité, la vie d’adulte et ses contraintes…
    Je n’ai pu éviter de comparer Effi à Mme Bovary. Toutes deux déçues par l’existence, jeunes mariées pleines d’illusions qui se retrouvent rapidement désenchantées, rêvant d’extraordinaire et de romanesque, elles soupirent après l’amour et leur jeunesse perdus. Mais le roman de Flaubert m’a parût plus sentimental : la finesse avec laquelle il distille la psychologie des personnage, dévoile les pensées de la jeune femmes, créant ainsi une certaine complicité avec le lecteur, l’impliquant dans ses actes, cette manière de traiter le sujet diffère en bien des points du style de Fontane. Certes, il est périlleux de juger une œuvre originalement écrite dans une langue étrangère, ici l’allemand, et lue par traduction, mais la trame du récit porte l’empreinte d’un autre genre. La focalisation sur les personnages demeure majoritairement externe. Les moindres faits se trouvent décrits, parfois analysés, sans jamais toutefois chercher à influencer le lecteur, laissant tant une part de mystère que d’intimité au sujet de la jeune fille. Les relations extra-conjuguales ne sont jamais pleinement révélées, les romanes d’Effi restent secrètent tant pour le lecteur que le mari.
    Or, si Emma se suicide, empoisonnant ainsi son destin tragique, Effi, toute aussi fragile, dépérit. Alors qu’elle s’apprêtait à la repentance, l’affaire dévoilée au grand jour lui ôte réputation et statut. Reniée, privée de la garde de sa petite fille, tout avenir s’effondre. Ses parents n’accepteront son retour qu’au bout de plusieurs années, mais les retrouvailles resteront bouleversantes. Bien loin de la petite Effi enfantine, pleine de vie et d’espoir qui avait quitté leur toit, il en revient une éternelle enfant, vieillie et devenue chétive par les épreuves et les souffrances. Ce n’est pas sans émotions qu’elle retrouvera le berceau de son enfance, havre de la paix à jamais perdue, pour y mourir le sourire aux lèvres, encore.
        Effi m’évoque l’archétype de l’innocence, de la liberté, et de la pureté immolées à la société rigide. Cette fraîcheur, cette joie de vivre dont elle fait preuve depuis l’enfance s’éteint peu à peu au contact de sa nouvelle vie. La jeune fille se fane, cherche un moyen de survivre dans l’adultère, puis dans la naissance de sa petite fille, avant d’être cruellement condamnée pour des fautes dont elle ne semble pas mériter la responsabilité. Inadaptée, incomprise, en proie à une solitude totale, elle incarne la victime d’un désastre, l’animal arraché à son milieu et enfermé dans une cage.

    Théodore Fontane reste l’un des principaux représentants du réalisme en littérature, et l’on remarque dans son œuvre l’importance des dialogues, omniprésents, qui restituent l’atmosphère de la société bourgeoise du XIXème siècle.


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